dimanche 31 juillet 2011

L'ascenseur

Un texte très ancien, dont la version originale a été écrite avec de l'encre sur du papier. Une technique presque oubliée de nos jours...

Tandis que l'ascenseur les emmenait en grinçant vers ce qui devait être le
lieu de son supplice, Elle se demandait encore une fois jusqu'où il serait
capable d'aller.

Certes, Elle l'avait maintes fois provoqué, faisant allusion aux livres qui
la troublaient ces temps-ci et ne manquant pas une occasion de souligner son
incapacité à se montrer cruel avec Elle. Il y avait bien eu quelques tapes
cuisantes délivrées çà et là lors de leurs récents ébats mais leur souvenir
s'était vite estompé et ces enfantillages ne lui aurait même pas permis de
rentrer comme novice à l'école de Sir Stephen.

Il mit un terme à ses méditations en demandant d'une voix douce mais déterminée :
"Tu as fait ce que je t'avais demandé ?"
"Oui"
Elle avait ôté sa culotte en se changeant avant de quitter son travail. La
réponse avait fusé, accompagnée d'un petit sourire à la fois gêné et malicieux.

Il ne rompit à nouveau le silence que lorsqu'ils entrèrent chez elle.
"Tu as cinq minutes pour régler tes petites affaires. Ensuite, viens te présenter"

Intriguée par cette curieuse expression, elle chercha en vain quelque réplique
spirituelle et ôta son manteau en le regardant s'éloigner vers le salon. Elle
se sentit soudain envahie par le trac.

Quelques minutes s'écoulèrent avant qu'elle ne hasarde un regard dans la pièce
du fond. Il avait allumé une cigarette dont elle soupçonnait, à juste titre,
que la fin serait pour elle synonyme de retard.
"J'arrive"
Lacha-t-elle avant de regagner prestement les coulisses.

Elle vérifia une dernière fois sa tenue; pull moulant, jupe écossaise et
collants foncés; puis, prenant son courage à deux mains se décida enfin à entrer en scène.

Elle s'adossa à la table et lui fit face juste à temps pour le voir écraser son mégot.
"Tourne-toi"
Elle obtempéra pendant qu'il se rapprochait.
"Maintenant, penche-toi en avant et appuie-toi sur la table"
"Pour quoi faire ?"
Elle n'avait pu s'empêcher, encore une fois, de tenter une manoeuvre de diversion.
Pour toute réponse, elle sentit son ventre se coller contre ses fesses pendant
qu'une main ferme la poussait vers l'avant.

Cette situation lui rappela instantanément cette soirée où, dans un moment
d'égarement, elle s'était laissée prendre ainsi, dans une position fort peu convenable
pour une femme élevée chez les bonnes soeurs. Elle avait ensuite vivement
protesté contre ce viol manifeste, mais elle était bien placée pour savoir que
ce jour-là, l'excitation l'avait largement emporté sur les bonnes manières.

Elle caressait l'espoir qu'il puisse renoncer à son sinistre projet quand elle
sentit ses mains s'insinuer sous la jupe et tirer vigoureusement le collant
vers le bas.
"Pas comme ça, cela ne se fait pas"

"Je n'ai trouvé nulle part de manuel officiel sur l'art de fesser une jeune
femme respectable alors j'ai improvisé ma propre méthode et elle me parait
excellente pour deux raisons"

Sa main caressait négligemment les rondeurs maintenant dénudées.


"La première c'est que ta peau est bien plus tendue comme ça et que les effets
seront donc amplifiés"

"Salaud!"

"La seconde c'est que même si j'espère bien te faire assez mal pour que tu
regrettes amèrement de m'avoir si longtemps nargué impunémment, la douleur
disparaitra très vite. Par contre, tu garderas le souvenir de cette posture pour
le moins embarassante et du fait que tu y as librement consenti"

"Justement! Je n'ai plus du tout envie"

"Nous avions un contrat, si tu renonces maintenant, je m'en vais sur le champ
et j'envisagerai de revenir le jour où tu m'appelleras pour me supplier de
reprendre les choses là où je les avais laissées"

"Je te hais"

"C'est celà oui, maintenant, si tu m'adresses encore la parole, que ce soit
pour demander pardon d'être une belle allumeuse"

"Tu rêves"

Il cherchait un prétexte pour commencer et cette ultime impertinence lui parut
tout à fait opportune.

Première claque sonore, suivie bientôt d'une autre, puis d'une autre.

"Arrête! Ca fait mal. Je serai sage"

Sentant que le chantage ne serait bientôt plus un carcan efficace face à
l'urgence de la brûlure, il se rapprocha et enserra sa taille du bras gauche.
Puis, afin de lutter contre la tendresse ce corps qu'il lui fallait brièvement
meurtrir, il se remit en mémoire quelques unes de ces piques acerbes dont elle
l'avait gratifié, mettant ainsi en doute sa capacité à être le mâle égoïste
qu'elle aimait parfois qu'il devienne. Il n'eût aucun mal à retrouver l'image
de ce visage angélique alors même qu'elle se laissait aller aux pires
provocations. Tout remord disparut promptement et c'est avec sérénité qu'il
entreprit de lui administrer la fessée qu'elle avait si souvent méritée (réclamée!?).

Elle se débattait de plus en plus vigoureusement, mais la main vengeresse
avait pu s'abattre une dizaine de fois avant qu'elle ne réussisse à se dégager.
En repensant à ces évènements, Elle devait admettre que, plus que le bras qui
retenait, c'est sa propre volonté à accepter le chatiment qui l'avait maintenue
en place aussi longtemps.

"Arrêtes!"

Un sanglot dans la voix indiquait que pour une fois, la protestation était sincère.

Oubliant un instant la jupe encore relevée et les collant gisant sur ses genoux,
elle vint se blottir dans ses bras. Enfin domptée, elle s'abandonna contre lui,
et, pour tout reproche chercha ses lèvres en quête d'un baiser.

Il chercha son regard et, son orgueil aidant, n'y trouva que de la soumission.

Mais, ce que les yeux embués de sa maîtresse oubliaient de dire, c'est qu'à cet
instant même, elle cherchait déjà les mots qui, une prochaine fois, sauraient
réveiller la bête profondémment tapie dans l'homme qu'elle aimait.

Un bref instant, elle se demanda ce qu'il pourrait bien inventer.

Bah. Il trouvera bien une idée.

3 commentaires:

  1. Une fessée administrée par James Fourhands, ça doit faire deux fois plus mal !

    Joli texte qui m'émeut particulièrement parce qu'il sonne à mes yeux (sic) comme un récit du réel à peine romancé et non comme une fiction (si c'en est une, chapeau, et après tout seul le résultat compte).

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  2. C'est vrai, quoi, des fois, elles font rien que pas êtres sages.
    A croire qu'elles le font exprès ...

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  3. @CUI: J'ai commencé par envisager de donner plus d'indications sur le réel et la fiction dans nos écrits quand une discussion avec Eve m'a convaincu de laisser planer le doute...
    Pompiers, au moins, est (pour l'instant!) une pure fiction, mais pour le reste il vous faudra vous faire votre propre opinion.
    Si le doute est trop fort nous répondrons sans doute à une question en privé.

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